mercredi 3 octobre 2007

Quand la fourmi devient l'éléphant.

Je me suis retenu assez longtemps de parler du maire de Saguenay, Jean Tremblay, et de son discours devant la commission Bouchard-Taylor. Je me suis retenu parce que je viens de l'endroit, que j'ai déjà voté pour lui (au début de sa carrière politique municipale) et que je n'étais pas vraiment en accord avec son propos à la commission. Je m'étais dit que ça passerait dans le beurre, qu'on aurait crier à l'imbécile sans plus.
M. Tremblay a déposé un mémoire qu'il a écrit lui-même. Il porte sur l'importance de la religion dans nos institutions et notre culture. Plusieurs discussions de coulisses semblent avoir eu lieu à l'hôtel de ville et même les conseillers semblent abondés en ce sens. La majorité du conseil municipal endossait la majorité de ses propos... c'est ce qu'il aurait dit. Marina Larouche abonde dans le même sens, elle qui est au conseil depuis bien plus longtemps que le maire Tremblay. Cependant, le mémoire du maire n'a pas passé l'étape officielle de sa validation par tout le conseil pendant une séance du conseil de ville. Or, le mémoire fût déposé à la commission et payé avec l'argent des contribuables. En clair, le maire a déposé un point de vue personnel comme étant celui de toute la population. Or, la population n'est pas totalement d'accord avec lui et a payé $10,000 pour un mémoire qui n'est pas le sien.
Les jours passent et les critiques sortent de toutes parts. Saguenay, la suite d'Hérouxville? Saguenay, terre hostile où le racisme et l'étroitesse d'esprit est l'attraction touristique majeure? Permettez-moi d'en rire!!! D'abord, sachez que les gens sont vieux au Saguenay. Les jeunes comme moi sont partis faire «fortune» à Mourrial, la place où il y a toujours quelque chose à faire... C'est évident que bien des gens, très majoritairement catholique, aient la foi et y accorde de l'importance. Mais la laïcité dans nos institutions, elle? Et les discours pleuvent dans la tempête de micros et des caméras.
Et pourtant, nous, le peuple. Celui qui regarde tout ça sans vraiment y penser. Honnêtement, je crois que prière ou pas avant un conseil municipal, le travail restera le même. Ça fait des décennies qu'on s'en fou et puis là, ça devient le sujet majeur du jour... C'est fou... on entend même pu parler de Cédrika!... Suis-je le seul à trouver que tout ce débat mijote trop pour rien? J'ai l'impression que c'est comme une homellette qu'on fait cuire à 425 celsius au four pendant des jours... Pendant que l'hôtel de ville était pleine, à Chicoutimi, et que le maire Tremblay a fait sa prière avec ses amis, et que la séance a portée des minutes interminables là-dessus... pendant ce temps, les décisions importantes ne se prennent pas! Aussi, pendant ce temps, le gouvernement s'en lave les mains et prépare sa rentrée parlementaire.
À mon avis, le maire Tremblay a fait une erreur monumentale dans ce débat. Il a utilisé des fonds publiques à des fins personnels. En plus de prêter son opinion à sa population, il a volé les deniers publiques. Cela n'est pas un enjeux entourant le débat sur les accommodements raisonnables... C'est le non-respect de ses citoyens, ce qui est plus grave que tous les mémoires qu'il peut déposer. Je me fou qu'on fasse une prière de 30 secondes avant un conseil... Je veux juste que le travail se fasse. Que l'argent de la population serve la population et non son maire. Parlons-en, du Maire Tremblay, avec ses là là, et dépoussièrons ses convictions religieuses. Pendant ce temps là, des gens attendent, des organismes communautaires, des équipes sportives, des HLM, des parcs, d'un citoyen simple, d'une rue à refaire ou d'un pont, des fonctionnaires pour faire le budget... Voilà, pour moi, l'exemple d'un petit problème qu'on remplace par un plus gros.

3 commentaires:

Renart Léveillé a dit...

Tout à fait d'accord, mais je dirais même plus : est-ce que les religieux sont obligés de se mettre en gang pour prier quand ils sont ensemble ailleurs qu'à l'église ou en privé? Ça leur donnera plus de points-paradis?

C'est n'importe quoi!

La société a foutu un pied au cul de la religion voilà longtemps, ça leur fait moins mal maintenant?

Le JP d'amérique a dit...

@ Renart

Pour ma part, la religion est une affaire personnelle qu'on peut vivre en collectivité à des occasions qui ont un rapport directe avec le spirituel: marriage, baptême, messe, funérailles, etc. Les gens comme le maire Tremblay qui donnent une certaine visibilité à leur foi, comme cette prière au début de la séance du conseil, sont pour moi de simples publicistes. Et, toujours personnellement, je n'achète pas. Tous ont cette liberté cervicale...

Cependant, la valeur traditionnelle et historique est quelque chose qui importe à mes yeux. J'ai été élevé dans un milieu catholique non-pratiquant. Je reconnais que le système de valeur qu'on m'a inculqué est à mon avis positif. J'ai aussi eu des parents qui étaient assez ouvert d'esprit pour ne pas tout m'inculquer de leur religion. Je serais donc un catholique mou...

Ces valeurs, selon moi, sont bien encrées dans notre façon de vivre qui n'est certes pas super mais tout de même satisfaisante en comparaison. Elles sont également comprises dans l'histoire, dans l'architecture.

Enfin, tout n'est pas blanc ou noir. L'histoire de la prière avant la séance, je ne suis pas d'accord. Mais on commencera pas à mettre à terre toutes les croix de chemins du Québec sous prétexte que ce sont des symboles religieux.

Qu'importe qu'on ait la foi où non, force est de constaté que la religion chrétienne catholique fait partie de ce que nous sommes, à des niveaux très subtils... La majorité des québécois catholique ne vont pas à la messe, ne prient jamais, ont oublié leurs prières et s'en foutent éperdûment. J'en suis. Je ne vais même pas à la messe de Noël! Mais j'ai l'impression que les québécois sont gênés d'être ce qu'ils sont, de leur histoire. Le but n'est pourtant pas d'épuré l'identité québécoise... simplement de la définir davantage, non?

Renart Léveillé a dit...

Je te suis tout à fait!