Lorsque je suis arrivé au secondaire, je n'avais à peu près pas d'ami. J'en avais mais ce n'était pas de BONS amis. De simples amis... Mais en secondaire II, j'ai fait la connaissance de quelques personnes généreuses dont Mathieu, qui est devenu rapidement mon meilleur ami. J'ai fait mes premiers bons coups avec lui, j'ai brossé pour la première fois avec lui. J'ai fumé mon premier joint avec lui (Il s'avèra plus tard que le pot en question était du pot pourri!). Nous avons ris, énormément, et nous avons également fait de l'impro ensemble. Mathieu, c'était mon best! Les années ont vu défiler quelques chicanes et notre échange de réplique dans Les deux timides, en secondaire V, m'a permis de gagner un méritas en art dramatique. C'est à cette époque que mon ami commença à éprouver certaines difficultés. Et dans la tourmente, à bout de tout, deux ans plus tard, nous nous sommes éloignés. Était-ce moi qui fuyait un ami tourmenté au point qu'il me tourmentait? Où était-ce le destin?
Cher Mathieu,
Ce soir, tu viens de m'appeler. Depuis huit ans, on se parle, comme ça, à l'occasion. Environ une fois par année... De rencontre en rencontre, tu évolues, parfois dramatiquement à mes yeux, parfois plus serein, me semble-t-il. Mais après toutes ces années, je suis un peu perdu. Vagabond, écorché vif par les souvenirs de nos ivresses. Cela fait huit ans que j'essaie de trouver le mot, l'unique, celui que je désire dans mes trips, celui qui mettrait le doigt sur ce que je ressens, lorsque j'entends parlé de toi. Un espèce de malaise, comme si toi, mon vieil ami, tu étais l'une de mes failles, une plaie ouverte, en quelque sorte, qui ne se refermera peut-être jamais. Non pas parce que tu m'as fait mal... Je me suis fais mal, en tentant de te sortir de ma vie, pour ne plus souffrir de ta souffrance, pour ne plus pleurer tes larmes... Si dramatiquement, tu as changé... J'ai perdu le fil et du coup, je suis tombé dans le brouillard de tes pensées.
Tu viens de m'appeler... Les souvenirs reviennent en moi, comme si c'était hier. Nos épopées fantastiques dans le pic, près de chez toi, et nos premières cigarette. On fume encore tous les deux! Mais tu vois, les souvenirs peuvent aussi être douloureux. Quand je pense à toi, à notre amitié fraternel, les souvenirs se confondent; il n'y a aucune chronologie. Alors, de ces premières cigarettes, je saute subitement au fait que j'ai du jouer ton rôle, à la dernière minute, pour les raisons que l'on connait, au cégep, à Jonquière... Le Caravansérail. Tu te souviens, je venais de trompé Valérie, qui jouait elle aussi dans la pièce!!! C'était la pagaille, mon ami. Et elle m'aura fait souffrir autant par la suite... Mais ça, c'est une autre histoire.
Ce soir, tu m'as appelé... Après toutes ces années, je constate que j'ai encore une importance. Après tout, notre amitié n'avait pas son pareil! Toi aussi, Mathieu, tu as ton importance. Tu sais, j'ai encore toutes les photos de toi, dans mes albums et mes boites à chaussures. Tu occupes mes pensées, très souvent. Je n'ai pas toujours été fort sur l'honnêteté, à une certaine époque, mais ma vie «post-Valérie» m'a fait découvrir d'autres facettes de moi. J'ai surtout voulu être honnête envers moi-même. Après tout, n'est-ce pas le commencement pour l'être avec les autres...
Mathieu, tu m'as appelé. Des années où, au fond, je n'ai que remis à plus tard. Encore ce soir, je t'ai fait le coup et je t'ai dit que je te rapellerais. Je te fuis... par crainte de revivre la tourmente. Pendant toutes ces années où j'ai essayé de te repoussé, j'ai tenté de saisir ce que tu voulais, ton acharnement ou ta patience... Alors, pour cela, je te dois d'être franc.
Mathieu, nous avons évolué en parallèle. Je me demande souvent si je n'étais pas mieux d'ignorer, de te laisser tombé, vraiment. De ne plus répondre. Mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Je ne veux pas. Peut-être veux-tu avoir de mes nouvelles, une fois de temps en temps? Où peut-être recherches-tu encore cette amitié inébranlable qui n'existe plus, au fond? Je te demande humblement, comme je l'ai fait souvent pour toi, de te mettre à ma place. Tu étais au point C et en deux ans, tu étais déjà à W !!!
Mathieu, je veux que tu prennes soin de toi. Vraiment. J'espère que tu le fais, que c'est important pour toi. J'ai espoir que depuis ce temps, tu t'es peut-être repris en main. Tu me l'as dit, tu veux retourner aux études. Fais-le! Donne-toi ce plaisir. Car tu es toujours Mathieu; l'essence, la source reste intacte. Je suis prêt à te parler, à ne plus te fuir. Mais cette amitié, tu dois en être conscient, ne sera plus jamais la même. Tu devras être patient. Je devrai apprendre à te connaître à nouveau. Je t'ouvrirai la porte mais n'entre pas trop vite. Regarde ce que tu y vois, et respire un peu, le temps de remettre les idées en place. Tu dois être conscient que plus rien n'est comme avant.
Je ne sais pas si tu vas lire ça. Je devrais te donner le lien ou quelqu'un d'autre pourrait le faire, après avoir lu. Je vais d'abord essayé de te le dire mais soit tolérant envers moi, je n'aurai peut-être pas le courage. J'ai peur que demain, je ne veuille plus te rappeler.
J'aimerais bien avoir quelqu'un qui me dirait quoi dire, quoi faire. Je connais quelqu'un qui pourrait m'aider... et c'est toi.
Jean-Pierre
2 commentaires:
Un ami. Un vrai. Quand j'étais plus jeune, j'avais lu que dans une existence humaine, on rencontre peut-être 5 ou 6 amis seulement. Pour une fille super impliquée au secondaire, avec toujours des dizaines de filles autour d'elle, c'était complétement faux et impossible. En grandissant, on se rencontre à quel point c'est vrai et qu'un ami qui arrive encore à nous troubler comme ceci, c'est précieux...
Je comprends bien ce que tu veux dire. Mais je ne sais pas si je peux dire que ce qu'il reste de notre amitié est précieux. Il fût un temps où cet amitié m'a fait mal, nous a fait mal... Je ne sais plus...
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