Journée d'odeur.

À mon réveil, ce matin, j'ai voulu voir le jour. J'ai gardé les yeux fermés; le temps ne comptais pas. Déjà, dans ma chambre verte, l'odeur d'elle venait me chatouiller. Du coup, mes narines ont chassé la nuit et j'ai pu ainsi savourer une première pleine gorgée de l'air de ma vie. Je vivais, un autre matin. Et mes poumons, vrombissant, prirent quelques secondes de cet air d'avril... Ça sentait ma blonde... Ça sentait bon. Je n'avais pas ouvert l'oeil et déjà, elle y était et mes pensées se sont transformées en marguerites, au vent, à la brise.

J'ai ouvert l'oeil. Dans les stores en bois de mon petit chez-moi, il y avait le soleil et Mme Tchang, une plante, la seule qui nous voit dormir... Un soleil humide, entre deux nuages, qui s'est vite caché derrière un nimbus. J'avais eu mes rayons et je m'en sentais plutôt privilégié, satisfait dans ma bulle atmosphérique, dans un matin égocentrique. Les gars me comprendront si je dis «J'étais ben.» Les filles aussi, sûrement.

Plus tard, vint cette odeur quotidienne: le café. Le café, quelle boisson! Avec un peu de crème et du sucre. Ben, vous savez... Mon corps associait déjà le parfum de l'aube dans la lenteur de quelques gorgées chaudes.

Plus tard, à l'extérieur, cette odeur de ver de terre. Vous savez, quand il pleut, et que les feuilles se transforment en conmpost. Je vois encore ces humides soirées du Saguenay où mon voisin, en jogging bleu, venait chasser le gluant ver avec sa lampe de poche et sa tite cup en styromousse.

Et maintenant, un poulet, que je fais cuire au four et qui sent si bon. Vous savez, l'odeur de la volaille salée qui enrobe la cuisine une pièce après l'autre. Et bien, j'y bègne, mes amis, et j'ai le goût de faire l'Obélix et de me vôtrer dans la marmite, en quête de goût, de saveurs et d'arômes.

Festin!...