mercredi 25 avril 2007

Deux ennemis, deux amis.

Dans une toute nouvelle série de billets, je vous raconte quelques souvenirs du secondaire, question de souligner le conventum de mon ancienne polyvalente.
En arrivant en secondaire 4, je considérais que je devais remonter la pente au plan académique. Ma situation n'était pas jojo... ma moyenne était passée de 85% à 72%. J'étais, à l'époque, dans les dernières vagues de ma crise d'adolescence, qui s'éternisait depuis plus d'un an. J'étais résolu à changer les choses. Évidemment, ma déception (et celle, encore plus grande, de ma mère) la plus importante fût celle d'avoir été refusé en math forte. Comme prix de consolation, j'avais cependant réussis à me placer dans un cours d'anglais fort.
Ce cours fût d'abord extrêmement pénible. Particulièrement chiant, en fait. Pour la simple et unique raison que tous les cons de la ville s'y étaient retrouvés. Tout était en place pour une année d'enfer, je me souviens bien. D'abord, cette gang de gars, une dizaine environ, qui se payait la tête des quelques intellos du groupe (j'avais énormément de difficultés à me départir de cette image... mes notes étaient inférieurs à la majorité de ces gars et pis, putain, je me sentais pas comme ça, le nez planté dans mes livres). Ils se payaient même la tête du prof. Ils ont dû le remplacer et le remplaçant, lui, a fait un burnout! En plus, les quelques étudiants, victimes d'insultes, de mauvaises blagues, de recevoir des boules de papiers, étaient placés dans la première rangée de la classe, placée en ordre alphabétique. Puis, il y avait ces filles qui riaient souvent avec les gars, complices.
Un des gars était particulièrement direct. Il ne se gênait pas pour invectivé n'importe qui et il n'était pas rare qu'il envoie pêtre quelqu'un en plein milieu d'un cours, brisant le silence d'une théorie anglophone peu dynamique. Acerbe, il était ZE guitariste du band de l'école et il jouait à la vedette rock, à l'image des membres du groupe Metallica, sauf que c'était à plus petite échelle, évidemment. C'était le gars que les filles aimaient bien mais qui ne lui disaient jamais, éffrayées par l'image rebelle qu'il se donnait, probablement.
Un jour, le gars, appelons-le Tabasco Ranch, tiens... il se reconnaîtra!!! Toujours est-il qu'un jour, Tabasco Ranch, roi du monde et dieu du heavy metal, décide un jour de faire une autre de ses conneries monumentales. Je ne me souviens pas de ce qu'il avait fait mais il s'est ramassé derrière mon pupitre, le prof voulant avoir un oeil de plus sur lui. Ça a duré quelques jours comme ça, alors que j'étais exténué de l'entendre dire ses bêtises derrière moi. Je dois cependant admettre que lorsque ces conneries n'étaient pas dirigées contre moi, je riais en coin, surtout content de passer mon tour! Après une autre performance douteuse, le prof le fit déménager devant moi, au pupitre qui était le seul de sa rangée; il était devant tout le monde quoi. «Voilà, me disais-je, je vais maintenant le voir en plus de l'entendre!» Mais, la vie de polyvalente comporte son lot de surprises...
Tabasco Ranch a continué un petit bout de temps à niaiser, de loin, de son coin de punition. Puis, vînt une période de bouderie. Pendant quelques jours, il tenta, en vain, d'attirer la sympathie du prof afin de retourner voir ses copains en restant calme et feignant d'être un élève modèle. Voyant donc que sa stratégie ne fonctionnait pas et sentant toujours le désir de dire des stupidités, il y eût en lui une espèce de tempête cervicale, une réflexion atmosphérique et énigmatique `dans laquelle il était parti à la recherche d'une piste de solution intelligente et sournoise. En fait, je ne sais trop ce qui s'est passé à cette époque dans les entrailles nébuleuses et heavy métal de Tabasco Ranch mais arriva le jour où il créa un paradoxe, celui de l'ennemi ami...
En l'espace de quelques jours, le prof de notre cours d'anglais se mit sûrement à douter un peu. Avait-il fait le bon choix d'envoyer Tabasco devant moi, la victime qui maintenant, se retrouvait à dire des conneries avec son nouvel ami! Car oui, je l'admets, je suis tombé dans le beau panneau fluorescent de Tabasco Ranch, rock star bien connue de l'école, et nous avons réinventé le monde ce jour là, quand nous nous sommes mis à faire les cons, ensembles. Nous n'avons jamais, à ma connaissance, insulté qui que ce soit que ne le méritait pas, nos conneries étant plus dans le domaine de «je niaise avec toi, les autres on s'en câliss»... Tabasco Ranch et moi sommes devenus amis en peu de temps et cette amitié, je sentais, était saine. Tabasco essuyait dès lors les paroles irrespectueuses des autres gars, se moquant désormais de lui à cause de moi. À la deuxième occasion, Tabasco s'est levé pendant le cours, en plein milieu d'une explication du prof, et à celui qui l'agacait parce qu'il niaisait avec moi, il a lancé: «go shit, tabarnak...» en le pointant du doigt.
Dès lors, je n'ai plus été la cible des insultes de ces gars. Tabasco a continué de niaiser avec eux autres, de son coin, et a également continué de dire des conneries avec moi. Et encore aujourd'hui, moi et Tabasco Ranch, roi du rock et ami inestimable, sommes encore en train de raconter des stupidités sur plein de choses. Nous avons découvert ce que nous étions, sans se soucier de ce que les autres en pensaient, sans se fier à notre première impression. Pour ce qui est des autres gars, je ne leur en veux pas. Car on est tous cons un peu, surtout à cette époque. Et puis, j'ai bien dit que tous les cons de la ville s'y étaient retrouvés. Je vous ferez remarqué que moi aussi, j'étais du lot!

3 commentaires:

L'intense a dit...

marrante ton histoire jp!

Anonyme a dit...

Très cher Jean-Pierre, c'est un honneur encore aujourd'hui de faire partie de ta vie. C'est également un grand bonheur, que je chéris chaque jour, de te compter parmis les personnes les plus importantes et les plus influentes de ma vie.

Merci de m'avoir fait revivre ce passage, où nous nous sommes rencontrés, un peu curieusement. Une chose par contre, je crois bien avoir dit: "Go shit tabarnak"...pour avoir reçu une gomme à effacer derrière la tête, parce que celui qui me l'a lancé savait pertinemment qu'il se passerait quelque chose de loufoque lorsque le projectile m'atteindrait !!! Tout ça est plutôt flou, pourtant. Tu sais que je n'ai pas la meilleur mémoire des événements où je me suis comporté comme un demeuré... J'oublie toujours, c'est plus facile !!!

Il y a d'autres événements par contre que je n'oublie pas et que tu devrais peut-être partager dans ce blog; une certaine troisième testicule, un certain après bal des finissants sans saucisses, un certain soir de Meurtre et Mystères à Laterrière ou une certaine comparable...

Je sens déjà qu'il faudra que j'oublie ce message !!!

Salut, vieux frère...

Tabasco Ranch Light...
(J'aime la vie toujours aussi épicée, mais un peu moins grasse!!!)

Le JP d'amérique a dit...

Ben, en fait, je crois que ledit bout d'efface était destiné à percuter ma tête. Mais moi aussi, c'est un peu flou. L'essentiel est là!