samedi 14 juin 2008

«Sac à main» pour homme!

Quand j'étais jeune enfant, je ne me souviens pas avoir dit que mon père était Superman. Mon père était le mien et j'en avais rien à foutre qu'il soit capable de voler ou de transporter un lac gelé. Mon père était présent. Il était toujours là. Il n'était pas en train de sauver la veuve et l'orphelin. Mon père était le fan de salon numéro un des Canadiens. Le samedi soir, chez-nous, c'était comme au forum. Il criait après les joueurs, les encourageait ou applaudissait en criant pour enterrer le son de la télé. L'ambiance était presque meilleur qu'au Centre Bell. Mon père se fâchait parfois, il était l'autorité. Il ne sacrait pas. Il était le genre à remplacer «sacrement» pas «sac à main». Une seule fois il m'a pris pour me lancer, en pleine colère, mais il a choisit le lit plutôt que le mur comme cible! Papa m'amenait aussi à la pêche. Souvent. Avec mon oncle, qui aurait probablement souhaiter que je n'y sois pas. À l'école, j'étais souvent choisi dernier pour jouer au ballon chasseur. Mais à la pêche, c'est moi que mon père choisissait toujours en premier et il était plus excité que moi qu'on fasse équipe. Un de mes plus beaux souvenirs de mon père est cette journée de pêche miraculeuse sur le lac Élan où l'on s'était arrêté dans une anse en canot, dans le brouillard matinal et frais des Monts Valin. Mon père conduisait en pro! Avec la voiture, il faisait «le moteur de course» sur ma demande et j'étais convaincu que c'était grâce à son pied que le moteur vrombissait avec autant de force. Mon père m'amenait voir les feux d'artifices, m'amenait dans les manèges et m'achetait du chocolat souvent. À l'adolescence, il a dû s'adapter. Après tout, le chocolat, je l'achetais moi-même avec l'argent que je gagnais en étant camelot. Il est donc devenu cool. Il est devenu Gay. Gay passait les journaux avec moi à tous les matins; il était même meilleur que moi. Je l'appelais, à 3h00 du matin et il venait me chercher. Il faisait même des «lifts» à mes amis. Mon père m'encourageait. Il n'a jamais manqué un match d'impro où je jouais, jamais une pièce de théâtre, jamais une compétition de karaté. Lorsque je faisais une soirée chez-nous, il restait à la maison dans le bureau, inaperçu ou faisait partie de la fête. Gay écoutait la musique que j'écoutais et c'est lui qui montait le volume en voiture. Puis, Gay a vieilli. Un peu. Son fils est parti à Montréal et il s'est retrouvé seul dans une famille de femme.
Mon père a toujours été généreux. Il n'a jamais eu peur de dire ce qu'il ressentait, de m'aimer et de me le dire, de me serrer dans ses bras, même encore aujourd'hui, et de m'ambrasser sur le front. Chez mes parents, c'est mon père qui a la larme à l'oeil. À l'aube de la paternité (dans quelques années, j'ose espérer), je me dis que je suis chanceux. Mon père n'était pas Superman. Il n'est pas parfait. Mais il est BON père et j'entre dans cette nouvelle étape de la vie avec une plus grande confiance, dû au fait qu'il a réussit a bien joué son rôle tout en restant lui-même.
Hommage à l'homme!

3 commentaires:

Unknown a dit...

Un mot : wow !

Byzou a dit...

Tu es chanceux d'avoir un aussi bon père et surtout une belle relation!

Le JP d'amérique a dit...

@ the green head
Merci pour le «wow» et merci pour la plogue...

@ byzou
Je me sens effectivement privilégié.