Il y a de cela 7 ans, j'étais en Alberta. Parti là-bas faire le vide et oublier une fille, je suis allé en rejoindre une autre avec qui ça n'avait pas marché finalement. Après un mois et demi à Edmonton, je me sentais seul et misérable, mon anglais étant pire que le français de Stephen Harper. Alors je n'étais pas capable de me trouver un emploi. Et je pensais à mon ex sans relâche, et ça n'allait pas bien avec l'Albertaine avec qui j'essayais d'avoir une relation intéressante. J'avais la tête ailleurs. Puis, on m'a fait découvrir le quartier francophone et je m'y suis senti mieux.
Mon ex et moi avions une chanson symbolique... l'affaire cucu que tous les couples ont! C'était Opium de Daniel Bélanger. Alors, j'ai été un peu estomaqué lorsque j'ai vu un présentoir, dans la petite librairie du quartier francophone, sur lequel on présentait son nouvel album, Rêver mieux. J'ai hésité avant de le prendre dans mes mains. Je ne trippais pas comme un con sur Bélanger. J'avais acheté Les insomniaques s'amusent juste pour Opium et bien que l'album était, selon moi, très bien, je ne m'interessais guère davantage à lui. Mais voilà, dans cette librairie, je revoyais défiler les moments avec mon ex et je me suis dit que si il y avait un nouveau cd de Bélanger, elle l'achèterait sûrement. Obsédé et presque encore amoureux, j'ai acheté le disque, pour cette simple raison.
Deux semaines plus tard, j'avais laisser ma bouée de sauvetage albertaine (appelons les choses commes elles sont; j'ai parfois été crétin) et j'étais déménagé au nord, dans une ville où je suis resté 8 mois et où j'ai eu une expérience que je n'oublierai jamais. Et toute cette aventure avait eu une trame sonore... vous l'aurez deviné... Rêver mieux, de Daniel Bélanger. Je l'écoutais sans relâche et je le trouvais plannant et atmosphérique!
Alors, voilà que MONsieur nous envoie un nouvel opus dans les dents. Je vous avertis à l'avance, vous risquez peut-être d'être déçu car je ne pense pas qu'il est accessible à tous. J'irais pas jusqu'à dire que c'est pour les fans uniquement, mais y'a beaucoup de stock et c'est sombre. En ce qui concerne les textes, d'abord, j'ai la gueule un peu à terre. Le bonhomme mature. Son album est beaucoup plus engagé que ce qu'il a fait dans le passé. C'est que ce gars là est capable de jouer avec la musique des mots, tantôt avec les rimes, tantôt avec des homophones. Le texte semble parfois se transformer en instrument. Le thème de l'album, comme son titre l'indique, prend son sens tranquillement aux grés des chansons qui, une à une, nous expose à une réalité dans laquelle l'auteur se perçoit également.
Côté musique, je tiens à dire que j'ai reconnu tout le côté suspendu de Rêver mieux dans ce nouvel album. Bélanger semble parfois jouer avec les bruits, un peu à la Tom Waits, et même dans les tounes instrumentales, on comprend le capharnaüm de la société matérielle. L'approche est plus rock dans certaines chansons mais c'est un album majoritairement relaxe. Ça ne décoiffe pas mais ça provoque quelques réflexions.
On sent le poids des interrogations de l'auteur face à la société. Ça me donne le même feeling que lorsque j'ai écouté le dernier d'Ariane Moffatt où le dernier de Jean Leclerc. Plus dark mais plus profond. Je crois personnellement que Daniel Bélanger nous donne un album réfléchis et senti. Ce n'est pas un disque pour faire de l'argent; il est un vin qui se fera apprécié en vieillissant. Mais à la lumière de ce que je viens d'écrire, je me demande s'il y a une raison à ce courant qui semble émergé de faire des albums un peu chaotiques qui dépeignent une société en mal de vie? Cela est peut-être symptômatique... Faudra voir.

1 commentaire:
Après une seconde écoute, je dirais qu'il est encore meilleur!
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